Copie d'un portrait posthume d'Hérodote datant du IVe siècle av. J.C.
Hérodote (en grec ancien : Ἡρόδοτος / Hēródotos), né vers 480 av. J.-C. à Halicarnasse en Carie (actuelle Bodrum en Turquie) et mort vers 425 av. J.-C. à Thourioï, est un historien et géographe grec.
Texte
"Otanès exhorta les Perses à mettre l'autorité en commun.
« Je crois, dit-il, que l'on ne doit plus désormais confier l'administration de l'État à un seul homme, le gouvernement monarchique n'étant ni agréable ni bon. Vous savez à quel point d'insolence en était venu Cambyse, et vous avez éprouvé vous-mêmes celle du mage. Comment, en effet, la monarchie pourrait-elle être un bon gouvernement ? Le monarque fait ce qu'il veut, sans rendre compte de sa conduite. L'homme le plus vertueux, élevé à cette haute dignité, perdrait bientôt toutes ses bonnes qualités. Car l'envie naît avec tous les hommes, et les avantages dont jouit un monarque le portent à l'insolence. Or, quiconque a ces deux vices a tous les vices ensemble : tantôt il commet, dans l'ivresse de l'insolence, les actions les plus atroces, et tantôt par envie. Un roi devrait être exempt d'envie, du moins parce qu'il jouit de toutes sortes de biens ; mais c'est tout le contraire, et ses sujets ne le savent que trop par expérience. Il hait les plus honnêtes gens, et semble chagrin de ce qu'ils existent encore. Il n'est bien qu'avec les plus méchants. Il prête volontiers l'oreille à la calomnie ; il accueille les délateurs : mais ce qu'il y a de plus bizarre, si on le loue modestement, il s'en offense ; si, au contraire, on le recherche avec empressement, il en est pareillement blessé, et ne l'impute qu'à la plus basse flatterie ; enfin, et c'est le plus terrible de tous les inconvénients, il renverse les lois de la patrie, il attaque l'honneur des femmes, et fait mourir qui bon lui semble, sans observer aucune formalité. Il n'en est pas de même du gouvernement démocratique. Premièrement on l'appelle isonomie ; c'est le plus beau de tous les noms : secondement, il ne s'y commet aucun de ces désordres qui sont inséparables de l'État monarchique. Le magistrat s'y élit au sort ; il est comptable de son administration, et toutes les délibérations s'y font en commun. Je suis donc d'avis d'abolir le gouvernement monarchique, et d'établir le démocratique, parce que tout se trouve dans le peuple. » Telle fut l'opinion d'Otanès."
Hérodote, Histoire, III, 80, trad. Larcher, Paris, Charpentier,1850
Le partage de la citoyenneté permet de se distinguer.
Pour les Athéniens, la démocratie ne se limite pas à l'élection de représentants, mais implique un exercice effectif du pouvoir par tous les citoyens. C'est ce "partage" à parts égales du pouvoir du demos que garantit le principe d'isonomie. Il s'agit exclusivement d'une "égalité politique" mais celle-ci est totale et a des conséquences importantes sur la vie quotidienne. Elle attribue d'abord au citoyen un statut particulier par rapport aux non-citoyens, majoritaires dans la cité (voir la rubrique Qui est citoyen ?), ce qui confère incontestablement des privilèges tels que l'exercice du pouvoir, l'accès à la propriété foncière et un traitement spécifique par les tribunaux. N'ont droit au "partage" que ceux qui font "partie" du demos. Si l'on en juge par les procès en citoyenneté du IV° siècle, nombreux étaient ceux qui auraient bien voulu avoir leur "part".
La participation à la citoyenneté
Mais, cette part comporte aussi son lot de devoirs civiques, de charges contraignantes et parfois très lourdes. Tout le monde ne s'engage sans doute pas avec le même enthousiasme, mais les modes de désignation, le recours privilégié au tirage au sort et les roulements fréquents parmi ce que nous appellerions aujourd'hui le personnel politique obligeaient de fait tout citoyen à "participer" effectivement à la vie politique de sa cité, non pas comme simple électeur mais comme bouleute, héliaste ou magistrat, sans parler du service militaire. Autant d'obligations qui duraient toute une vie et auxquelles il devait être bien difficile de se soustraire.